Retex des #Assisesparite, et zoom sur les réseaux féminins qui s’engagent pour une vraie modernisation de la fonction publique
Comment augmenter le pourcentage de femmes dans des domaines encore typiquement masculins, comme les comités de direction et exécutifs ? Plus de parité et de mixité dans les plus hautes instances de gouvernance des entreprises rappelle le défi de promouvoir les femmes dans la sécurité et la défense…Apprendre du secteur privé comment réduire des bastions encore largement réservées aux hommes ? WIIS France était invitée aux Assises de la Parité le 20 juin réunissant 900 participants, dirigeants d’entreprises et décideurs pour tendre attentivement l’oreille.
Au programme: témoignages de chefs d’entreprise sur leur expérience de la parité, présentation des résultats d’une étude co-réalisée avec KPMG sur la diversité et la mixité dans les conseils d’aministration tout comme dans les Comex et Codir des entreprises (la situation est loin d’être satisfaisante), et les interventions de Marlène Schiappa, secrétaire d’État chargée de l’Égalité entre les femmes et les hommes et de la Lutte contre les discriminations et de Agnès Pannier-Runacher, secrétaire d’État auprès du ministre de l’Économie et des Finances (un retour en images de l’évènement peut être consulté ici). Les participants partaient avec des propositions d’actions concrètes, notamment un accompagnement personnel par des « marraines » du IWF France offrant de conseiller les entreprises qui seraient intéressées de faire avancer la parité.
Les assises étaient organisées par le réseau IWF France (International Women’s Forum France, fondé et présidé par Lucille Desjonquères), un réseau de femmes issues de tous les domaines de la société civile, économique et politique (chefs d’entreprise, leaders politiques, artistes, sportives de haut niveau). En France, la mission du IWF est la parité hommes-femmes dans les conseils d’administration et les comité exécutif/ de direction, et son impact sur la compétitivité des entreprises.
Et voici un argument de taille pour convaincre que ce sujet mérite de l’attention: les entreprises qui promeuvent la parité et la mixité en leur sein ont de bien meilleurs chiffres d’affaires que leurs compétiteurs qui restent « entre hommes ».
Cette preuve de la plus-value de la parité et de la mixité est plus compliqué à mener en ce qui concerne le secteur public, car plus difficilement chiffrable. Mais il paraît évident que produire de bonnes politiques publiques nécessite la représentation de la société toute entière parmi les équipes qui sont aux manettes. On en est encore loin, comme l’épingle tout récemment le courrier adressé à Madame Schiappa et Olivier Dusoppt (Secrétaire d’Etat Fonction Publique) par le réseau des associations féminins concernant le projet de loi de transformation de la fonction publique. Pourtant, la modernisation de d’administration et l’amélioration de la gouvernance publique passe obligatoirement par les femmes. Et par des dirigeants hommes et femmes qui prennent ce sujet à coeur.
Pour promouvoir mixité et parité, beaucoup peut et doit être fait pour augmenter l’offre, le pool des candidates à recruter et à solliciter pour des promotions – communiquer plus sur les opportunités de métiers/ de carrière vis-à-vis des filles et des femmes, les préparer aux défis de percer et de persévérer dans le monde du travail, développer des stratégies de resources humaines avec pour but d’attirer, d’accompagner et de garder des femmes, et surtout, encourager les hommes de devenir partenaires dans tous ces efforts.
« Autant je détestais les quotas quand j’étais jeune et jolie », … « autant j’y suis favorable aujourd’hui. Il faut, pendant un certain temps, qu’il y ait des places réservées aux femmes. » (Christine Lagarde, 31.05.2019, Challenges)
Côté demande, le cadre légal a un rôle important à jouer dans le but de favoriser le recrutement et la promotion de femmes. En France, deux outils coercitifs visent notamment la présence des femmes dans l’administration publique et dans les instances de gouvernance des entreprises en imposant des quotas, respectivement la Loi Sauvadet et la Loi Copé-Zimmermann.
Après plus de cinq ans en application, on voit certes des changements, mais qui restent pour leur part insuffisants. Côté secteur public, on se focalise sur les primo-nominations de 40 pour cent et néglige l’accompagnement des femmes tout au long de leur carrière. Et les ministères paient tout simplement des amendes en cas d’infraction, ce qui en 2017 était le cas pour le Ministère des Armées, Bercy, le Ministère de l’Intérieur et le Quai d’Orsay (les chiffres pour 2018 ne seront pas meilleurs).
Côté secteur privé, selon KPMG, à peu près 70 pour cent des emplois et 65 pour cent de la valeur ajouté échappent aux obligations de représentativité, car réalisés par des entreprises non-cotées en bourse. Ici, les femmes occupent entre 20% et 40 % de postes dans des conseils d’administration, et un peu plus de 20% dans les Codir/Codex. Pour les entreprises cotées, si les conseils d’administrations atteignent l’objectif des 40 pour cent (une augmentation de 14 % depuis 2013), les Codir/ Codex en sont encore loin (en moyenne 17%, une hausse de 5 % par rapport à 2013).
Ces instruments sont donc loin d’être parfaits : mais sans eux, avancerait-on? Il semble évident que seul un engagement multiforme entrepris dans la durée, fondé sur la bonne volonté des hommes et des femmes impliqués, le partage et l’évaluation des mesures prises puisse faire avancer les choses. WIIS France est heureuse de s’associer à ce combat.