Dans sa série de portraits de femmes aux parcours inspirants, WIIS France vous propose de découvrir Alice Lane, diplômée de l’université Queen Mary of London, actuellement en stage de fin d’études chez Cap Digital.
Alice Lane est diplômée de Queen Mary University of London, où elle a étudié les Relations Internationales et actuellement en stage de fin d’études chez Cap Digital. Son mémoire, « Armes Autonomes et Entreprises de Technologies Privées: Quelles sont les implications éthiques des entreprises de technologie privées partenaires de l’armée dans le développement d’armes autonomes? », sera prochainement publié par WIIS France.
Nous l’avons rencontrée pour lui poser quelques questions sur son parcours.
Comment décrirais-tu ton parcours en quelques mots ?
Après une année sabbatique à 19 ans qui m’a permis de découvrir l’Asie du Sud-Est, j’ai commencé mes études en Philosophie et Français à l’Université de Liverpool. J’ai ensuite eu l’opportunité de travailler au sein des Nations Unies à Bruxelles durant un an avant de me lancer dans un master en Relations Internationales sur le Campus de Paris de Queen Mary University of London.
Qu’est ce qui a déclenché en toi un intérêt pour les questions éthique, notamment liées à l’armement ?
Un projet bénévole en Afrique du Sud à 17 ans m’a permis de me confronter aux grandes questions d’injustice et me suscita l’envie de comprendre et de mettre des mots sur ces grandes problématiques. Au cours de mon Master j’ai suivi un cours de sécurité internationale, où on traitait des sujets assez nouveaux pour moi comme la cyber sécurité, le Big Data et le fait de déléguer les actes de guerre à l’intelligence artificielle. Alors que je me passionnai pour ces thématiques, une amie a publié le livre Intelligence Artificielle, Pas Sans Elles, qui m’a fait réfléchir sur le lien éthique et intelligence artificielle.
Quels sujets te passionnent le plus ?
Je suis intéressée par les problèmes de biais dans l’Intelligence Artificielle. On imagine souvent les algorithmes comme neutres, ce qui est dangereux car ils reproduisent les biais qui existent dans la société. Il est donc indispensable de pouvoir mettre en place des gardes fous dans le développement des systèmes équipés d’Intelligence Artificielle, et surtout ceux qui pourraient être utilisés pour les armes. Ce qui me passionne c’est chercher des réponses éthiques à des problèmes qui affectent les droits humaines.
En parallèle, mon expérience actuelle en Projets Européens chez Cap Digital me permet d’être au cœur d’un mouvement qui rassemble tous les acteurs de l’innovation dans la transition numérique et écologique. Il m’est ainsi donné d’étudier l’implication business des nouvelles technologies sur des secteurs comme la santé, les villes intelligentes et durables.
As-tu été inspirée, par des femmes ou des hommes, dans les choix qui ont guidé ton parcours ? Quels ont été leurs enseignements ?
La citation préférée de ma regrettée Professeure à l’Université de Liverpool, Kate Marsh, était « tout m’intéresse, tout m’étonne », de Montesquieu dans son livre Lettres Persanes. Sa passion pour la littérature et la Recherche étaient contagieux et son enthousiasme m’a inspirée à continuer à étudier des sujets qui me passionne.
Mes professeurs de Queen Mary University, notamment Engin Isin et Elke Schwarz m’ont ouverts aux nouveaux concepts de la guerre, comme les implications éthiques, légales ou politiques de l’utilisation des nouvelles technologies y compris les technologies cyber / numériques, les technologies autonomes, l’intelligence artificielle, et les technologies d’interface homme-machine.
À ton avis, pourquoi l’environnement académique et professionnel dans lequel tu évolues reste-t-il trop peu féminisé ?
De mon expérience, en étudiant la Philosophie, le français et les Relations Internationales, la salle de classe est très féminisée. Par contre, cela ne se reflète pas sur le corps professoral qui comporte majoritairement des hommes. La principale chose que je note est que la société n’enseigne pas les filles à s’exprimer de la même manière que les hommes. Nous devons donc changer la façon dont nous traitons les filles dès leur plus jeune âge afin de changer la dynamique du monde universitaire.
Quels conseils donnerais-tu à des jeunes femmes désireuses de s’engager dans une voie similaire à la tienne ?
Je soulignerais l’importance du « networking » qui peut sembler effrayant, parfois trop formel. Mais cela signifie simplement rencontrer des personnes partageant les mêmes intérêts, mieux comprendre leur domaine, partager des expériences et surtout s’enrichir intellectuellement. De plus, en tant que jeune femme, il faut se persuader tous les jours que nous sommes les propres acteurs des changements de demain. Croire en soi, travailler, ne pas avoir peur de se tromper ou de donner un point de vue.