WIIS France a eu l’immense honneur d’interviewer la Commissaire de la Gendarmerie royale du Canada, Mme Brenda Lucki le 3 octobre dernier, à l’occasion de sa visite officielle en France.
1. Qu’est ce qui a déclenché chez vous l’ambition de vous engager dans la Gendarmerie Royale du Canada (GRC)?
Je suis entrée à la GRC parce que je voulais changer les choses et servir le public. La GRC est une organisation emblématique à l’histoire riche et fière et c’est ce qui m’a attirée. Un de mes objectifs premier était de travailler un peu partout au pays. Ce travail m’a permis de voyager, de parcourir diverses régions du Canada et même du monde. C’est une chance incroyable.
La GRC présente tout un éventail de possibilités de carrière et je suis ravie d’avoir pu en connaître plusieurs. J’ai eu la chance de travailler aux services généraux, aux services de la circulation, aux opérations d’infiltration, aux missions de paix internationales et comme instructrice à l’École nationale; et aujourd’hui, je suis la commissaire!
2. Pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste votre rôle ? Quelles sont vos missions au quotidien ?
En tant que commissaire, j’ai le mandat d’assurer la sécurité des Canadiens. Mon travail consiste à faire en sorte que tous les secteurs de la GRC fonctionnent de façon harmonieuse et efficace – au niveau fédéral, provincial et municipal. En outre, je suis chargée de moderniser l’organisation de la GRC et pour ce faire, nous avons mis en place un plan de transformation pluriannuel. Nous l’appelons Vision150, pour souligner le 150e anniversaire de la GRC en 2023. Nous adoptons de nouvelles technologies et de nouvelles politiques et nous améliorons nos services. Il s’agit de faire de la GRC une organisation souple et respectueuse, reconnue dans le monde entier pour son excellence policière.
3. Avez-vous été inspirée, par des femmes ou des hommes, dans les choix qui ont guidé votre parcours professionnel ? Quels ont été leurs enseignements éventuels ?
Ma plus grande source d’inspiration, ce sont les premières femmes qui sont entrées à la GRC. Elles sont issues de la troupe 17, diplômée de l’École de la GRC en 1974. Sans leur courage et leur détermination, je ne serais pas ici aujourd’hui. Une des femmes au sein de cette troupe est Bev Busson, une amie chère et mentor pour moi. Elle est une véritable pionnière pour avoir été la première femme commissaire intérimaire en 2006. Aujourd’hui encore, Bev milite avec détermination pour promouvoir la situation des femmes au sein de la GRC. C’est grâce à elle que j’ai appris à persévérer devant l’adversité.
4. A votre avis, pourquoi la Gendarmerie (dans la majorité des pays) peine à se féminiser ?
Je pense que les corps de la Police et de la Gendarmerie peinent à recruter des femmes parce qu’il s’agit d’un secteur traditionnellement masculin. Par ailleurs, les femmes ne se reconnaissent pas nécessairement dans les métiers de la Police. A mon avis, c’est en favorisant la promotion de modèles féminins que nous pouvons montrer aux autres femmes qu’une carrière dans la police est viable et satisfaisante. Nous devons également faire en sorte que nos organisations soient inclusives et souples pour répondre aux besoins de chacun et de chacune, peu importe le sexe et le genre. À la GRC, nous avons opéré de vastes changements pour être inclusifs. Par exemple, nous avons remanié notre processus d’avancement, le code relatif à la tenue vestimentaire et nous révisons actuellement notre politique sur les armes à feu.
Dans les opérations de maintien de la paix (OMP), les femmes offrent une perspective précieuse et peuvent aider à rétablir les liens de confiance avec les collectivités, surtout auprès des femmes vulnérables. Les femmes sont également mieux équipées pour exercer certaines tâches de sécurité, notamment : la fouille de femmes, l’escorte de victimes et de témoins de violence sexuelle, le désarmement et le processus de filtrage pour la réintégration des femmes. Dans l’ensemble, les femmes disposent d’un éventail de compétences précieuses et peuvent apporter une aide précieuse lorsqu’il s’agit d’établir des liens étroits avec la collectivité, au pays et à l’étranger.
5. Quels conseils donneriez-vous à des jeunes femmes désireuses de s’engager dans la Gendarmerie Royale du Canada ?
Aux jeunes femmes, je dirai : n’hésitez pas! Postulez! Il y a environ 30 ans, je me trouvais à votre place. J’ai reconnu mon intérêt, et j’ai décidé d’aborder une carrière policière à la GRC. Avec le recul, je suis très heureuse d’avoir franchi ce pas.
J’ai eu une carrière satisfaisante, remplie de possibilités et de défis stimulants.
Je suis la preuve vivante qu’avec de la détermination, tout est possible!
Je dis toujours à mes employés : une seule personne peut changer les choses; chacun devrait se donner une chance. Travailler à la GRC est une façon extraordinaire d’améliorer les choses… alors, qu’attendez-vous?